jeudi 30 janvier 2014

Georges Jaéglé... un petit coin de ciel bleu


Quelle couleur ! je viens de recevoir par la poste un vase dont l’émaillage craquelé bleu est étonnant …rien avoir avec le bleu de la production de Rambervillers.

H 21cm, L16cm

En l'observant la pièce de plus près, je remarque que  l'effet saisisant  serait du en partie à l'aspect vitrifié de l'émail qui réhausse de façon très réussie la couleur bleu azur.
 
Je viens de la mettre sur la bibliothèque et je dois avouer que cette céramique rayonne et prend toute son ampleur à côté du groupe de céramiques à couleur dominante brune.

Les céramiques de Jaéglé que j'ai eu l'occasion de tenir dans les mains sont toujours je trouve d'une belle qualité. Les vases sont denses bien finis, avec des formes simples et généreuses. Celui que je possède comporte une frise géométrique discrete en creux dans la pate.
J'aime beaucoup ce céramiste et je profite aujourd'hui d'un désintérêt relatif et peut être temporaire pour me faire plaisir en acquérant ses créations quand je peux à un prix encore raisonnable.
 

Aguttes dans son catalogue de vente du 1 décembre 2010 reprend les commentaires suivants au sujet de Jaéglé;
Georges Jaéglé fait partie de ces excellents céramistes de l'entre-deux-guerres tombé sans raison dans un oubli d'autant plus immérité que ses créations peuvent rivaliser avec celles de Lenoble et de Decœur. Formé chez Raoul Lachenal (avec qui il lui arrive de signer des pièces), Jaéglé installa son atelier à Brétigny sur Orge et exposait sa production tout à fait dans le goût de l'époque, notamment des vases en émail craquelé de très belle venue (Voir Hardy-Giardi, 2009, ill. N° 146), aux différents salons (S.A.D. 1926, 1929, 1930); E. Tisserand lui consacra d'ailleurs une notice élogieuse dans son panorama de la céramique contemporaine (L'Art Vivant, 15 février 1929).

lundi 20 janvier 2014

A. Bigot, des numéros inconnus se substituent au mystère de L.Guigues

Le vendeur habitait près de chez moi, nous nous sommes rencontrés, j'ai hésité et j'ai finalement craqué pour cette superbe assiette murale d'Alexandre Bigot.




Cette assiette murale est à rapprocher d'un autre modèle dont j'ai récupéré la photo sur internet. Mon exemplaire représente vraisemblablement également un motif floral, une fleure à 5 pétales très stylisée, peut être une fleure d'azalée ou de lin..


 
 
La taille, la terre, l'émaillage, la cuisson sont similaires mais le marquage est différent,  "Bigot"  pour l'une et  le symbole de la Tour avec inscription "Grès de Bigot" pour l'autre. Pourquoi une tour comme symbole?

 

La présence d'une série de chiffres apparaît au dos de chaque assiette (gravée en creux sur l'une, à l'encre sur l'autre). Après examen rapide de ces inscriptions, il y a peu de rapport, celle à l'encre est peut être postérieur à la fabrication. Un cache pot de Bigot fait apparaître également une inscription en creux avec la même lettre D suivi de 14.
Toutes ces indications sont bien mystérieuses, il doit s'agir d'indications propre au céramiste  dont la signification est aujourd'hui pour moi incompréhensible.


J'avais fait en juillet-2013 déjà l'acquisition d'un petit vide poche d'inspiration art nouveau, issu de la collaboration de Bigot et de L Guigues, un artiste que je n'avais pas réussis à identifier. Récemment  un internaute que je remercie encore m'a précisé qu'il s'agissait de  Louis-Jacques Guigues (1873-1943), dit aussi Louis ou Ludwig, sculpteur élève de Rodin, ami de Camille Claudel qui avait un atelier à Montpellier et qui fut l'un des maîtres de Germaine Richier.

Bigot reste pour moi un artiste à redécouvrir. A temps perdu j’ai toujours un grand plaisir à chercher des informations sur les céramiques que j’achète mais là encore le manque de temps me frustre souvent dans mes recherches qui ne peuvent pas être très approfondies. Comme Etienne Moreau-Nélaton dans la dernière Gazette, je m'aperçois que j'ai du mal à acquérir sans comprendre, analyser et répertorier.

Mon premier réflexe est de regarder dans les ouvrages que je possède, j'ai malheureusement peu de choses sur Bigot. L’ouvrage "la création céramique du second empire à l'art nouveau" évoque sa carrière et reproduit 2 céramiques dont une assiette reprenant un motif végétal que l'on retrouverait sur les carreaux de céramique des façades ornées par Bigot. 
Plus généralement je trouve que la documentation sur les céramistes art nouveau est rare ou difficilement accessible. A quand une monographie sur Alexandre Bigot par exemple?

Bref, ensuite je me plonge dans le net. Via Google, pour Bigot j’ai trouvé des sites reprenant des informations sur sa vie et sa production en particulier  architecturale.
http://lesamisducastellouis.fr/lesamisducastellouis.fr/alexandre_bigot.html
http://lartnouveau.com/artistes/bigot.htm

De ces informations je retiens ;
-sa formation de chimiste d'où un surnom "le chimiste"
- la création d'une entreprise en 1897 avec 150 employés pour produire la céramique architecturale
- sa participation à la construction de l’immeuble à Paris devenu le  Céramic Hôtel et situé au 34 avenue de Wagram près des champs-elysées que j’avais eu l’occasion de remarquer plusieurs fois
- sa concurrence avec Emille Muller
- sa collaboraiton avec de nombreux architectes et artistes
- son prix à l’exposition universelle en 1900
- l’arrêt de sa carrière de céramiste en 1914 à 52ans pour devenir conseiller

Souhaitant continuer mes recherches, j'ai consulté "Gallica" (bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France) pas toujours facile d'utilisation mais une véritable mine d'information,  j'ai pu mettre la main sur  le rapport du jury de l'exposition universelle international de 1900. Il est fait mention du "grand prix pour sa belle fabrication", l'article évoque à nouveau son parcours et ses jolis vase et gracieuses statuettes à côté des pièces architecturales.

Internet nous permet également d’avoir une information toute relative sur la valeur de la production de Bigot via des sites payant auquel je n’ai pas accès et les catalogues de ventes qui remontent aux hasards du moteur de recherche. Là encore on s’aperçoit que le marché propose régulièrement des pièces d’Alexandre Bigot avec plus ou moins de succès.
Au final certes je me suis à nouveau écarté de ma collection de céramique de Rambervillers.  Mais cet achat reste cependant cohérent avec le mouvement art nouveau que j'apprécie. En plus allez savoir pourquoi, la production de Rambervillers n'a jamais proposé de plat mural...
 

jeudi 9 janvier 2014

Après l'art nouveau...une exposition sur l'art deco à ne pas rater

Après la cité de la céramique, la cite de l'architecture et du patrimoine présente une exposition séduisante sur l'art déco, "1925 quand l'art déco séduit le monde" que j'ai visité en novembre lors d'une nocture un jeudi. Elle se tient au palais de Chaillot et je conseille vivement toute personne curieuse de s'y rendre (dernier jour 3 mars 2014).

Elle présente tout d'abord en introduction, de façon didacticielle, la différence entre l'art nouveau (1890-1914) et l'art déco (1919-1940). Des images valent souvent mieux qu'un long discours.
La vitrine à l'entrée de  l'exposition   confronte les mêmes objets dans les 2 styles.


 
J'ai essayé de trouver dans la production de Rambervillers 2 objets identiques proposés dans les 2 styles, L'exercice n'est pas si évident, j'ai mis finalement la main sur 2 théières d'un côté des lignes sinueuses de l'autre des formes géométriques, mais je suis sûr que l'on peut trouver mieux.










Le dossier de presse reprend 2 statuettes dont les différences stylistiques deviennent évidentes; (Agathon vs Martel)


Ensuite l'exposition aborde une multitude de thème illustrant les singularités de l'art déco; architecture, les motifs, les expositions internationales, les paquebots et l'art deco dans le monde.

La céramique est également présentée dans l'exposition à travers principalement  les ateliers des 4 grands magasins et la galerie de la manufacture de Sevres à l'exposition de 1925. Nous retrouvons des céramiques de
1) Longwy, Andre Fau pour Pomone la ligne de décoration du Bon Marché dirigée par Paul Follot


2) de la faïence craquelée de Charles Lemanceau par Creil, Georges Chevalier par Keller et Guerin, Maurice Dufrene et Adnet par Boch-Keramis pour La Maîtrise la ligne de décoration des Galeries Lafayette confiée à Maurice Dufrene


3) un craquelé de Lejean pour Studium la ligne de décoration des grands magasins du Louvre

4) de Primavera la ligne de décoration du Printemps





lundi 6 janvier 2014

Bonne année 2014 à tous! ...et merci Picasso

J'aime beaucoup la cité de la céramique à Sèvres. Etablissement créé au XVIII, le batiment  regroupe à la fois un musée avec des céramiques de tous les temps et de tous les pays et des ateliers qui continuent de produire des ceramiques d'une qualité toujours incroyable tout en renouvelant son repertoire. Des artistes sont régulièrement invités pour proposer des oeuvres en céramique .

 Je m'y rends donc régulièrement et profite des 1er dimanche de chaque mois pour visiter les nouvelles expositions. Je ne pouvais clairement ne pas manquer la dernière exposition en date "Picasso céramiste et la méditerranée" en place depuis novembre 2013. Même Telerama a publié  cette semaine un article élogieux sur l'exposition en lui déscernant les "3 T".


Arrivée avec mon jeune fils en fin de matinée, nous sommes répartis du musée 1h30 après, tous les 2 enchantés.  Quoique l'on puise penser de son œuvre, Picasso est clairement un génie. La 1 ère salle présente un petit film très instructif, un témoignage de sa dernière compagne Françoise Gillot m'a frappé. En substance elle disait qu'elle n'avait jamais vu aussi nettement la puissance créatrice de Picasso qu'au travers son travail sur la terre et regrette que l'a on ait pas un témoignage visuel de ces moments...
Les salles suivantes en apportent la preuve. Picasso arrive a partir de formes usuelles à faire jaillir avec un minimum de moyens des œuvres joyeuses et incroyablement inspirées ...
Nous ne pouvons être qu'admiratif devant cette Tanagra ci dessous dont la silhouette a du être créé,  on imagine par des pressions rapides et précises sur un vase ou une bouteille qui venait d'être tournée.

Tanagra blanche [1948) Terre cuite blanche, tournée et modelée. éléments appliqués.
Décor peint à l’engobe noir sur fond blanc mat H. 47 ; L. 11 ; D. base 9 cm (FP)
Pièce uniqueCollection particulière © Succession Picasso 2013Crédit photo : Maurice Aeschimann

Au final on ressort de cette exposition heureux. Mon fils nous parlait encore au déjeuner des canards pique-fleurs de 1951, le sourire aux lèvres .


Cette visite en tout cas confirme, pour ceux qui en doutait encore,  la dimension artistique de la céramique même si il faut le reconnaître nos céramiques qui ne rentrent pas dans la définition de céramiques d'artiste n'ont  pas toujours cette force.

Je rebondis également sur une partie de la visite  en lien avec le sujet abordé lors de mon dernier billet concernant les moules, les marquages et par conséquent les contrefaçons. En effet l'exposition consacre une salle entière, ce qui n'est pas fréquent, aux moules en plâtre de l'atelier Madoura qui ont permis, si je comprends bien, d'éditer 600 créations originales sur les 4000 oeuvres en terre réalisées par Picasso.

Les pièces, éditées de façon exclusive par l'atelier Madoura dans le cadre d'un contrat officialisant les choses en 1967, sont réalisées de 2 manières, soit l'artisan faisait une réplique authentique d'un original soit l'atelier utilisait un moule en plâtre pour des tirages plus important selon le principe du transfert d’un sujet original gravé par l’artiste sur une matrice en plâtre servant à estamper la terre (quid du sujet original et de la taille de la pièce reproduite?).
Chaque pièce est reproduite en un nombre fixé par l'artiste entre 22 et 500 exemplaires. Le tirage maximum autorisé et le numéro du tirage sont gravés au dos de chaque objet. On retrouve également les tampons en creux de l'atelier Madoura et "Edition Picasso". Alain Ramié a inventorié l'oeuvre céramique éditée entre 1947-1971 dans l'atelier Madoura dans un catalogue publié par Madoura en 1988.

  

A si seulement la fabrique de Rambervillers possédait un tel cadre, nous aurions certainement une bien meilleur connaissance de la production. En contrepartie des individus mal attentionnés cherchant à contre faire des céramique existantes seraient peut être encore plus motiviés et cela même si le succès est loin d'être assuré.
Je renvois au site Ceramique 50 qui évoque avec brio des réproductions grossières de céramiques de Picasso non autorisées et qui pourtant continuent de tromper celui qui croit faire une bonne affaire.