samedi 14 novembre 2015

Bleu de Cuivre, un éléphant de Delphin Massier

Quel est le point commun entre un éléphant chiné à Vanves le week-dernier et une chouette de Pol Chambost ?
La comparaison n'est pas évidente, à première vu tout sépare  ces 2 sculptures animalières . Beaucoup de chemin a été parcouru en 70 années.

 
La combinaison des émaux et des terres  permettent de produire une infinité de céramique avec des couleurs, des formes et un aspect en surface très différent. Les acquisitions de collectionneurs  sont souvent motivées par une recherche spécifique d'une ou plusieurs caractéristiques (périodes, formes, céramistes, couleurs..). Mes gouts quant à eux sont très éclectiques  et je fonctionne aujourd'hui encore plus sur le coup de cœur. L'achat récent de cet éléphant m' a permis de prendre de conscience de l'élément commun évident et au final de mon attirance pour  la couleur bleue. Mais que ce cache-t -il derrière ce bleu et ses nuances?   
 
Ça tombe bien je ne suis pas le seul a s'être interrogé sur le bleu, cette  couleur a même fait l'objet d'une exposition le 17 mai - 5 octobre  au musée de Sarreguemines et d'un catalogue.
Je n'a pas vu l'exposition mais la lecture de l'ouvrage m'a permis d'abord d'en savoir un peu plus sur cette couleur et au final de pouvoir identifier ce très bel éléphant.
 
 
 
 
Pour information;
L'élément cuivre permet d'obtenir des couleurs allant du vert clair au bleu turquoise. Les teintes varient selon la composition de la glaçure et le type de cuisson (turquoise en oxydation...)
L'oxyde de cuivre combiné avec d'autres composants permet d'obtenir d'autres couleurs. Le fameuse teinte dite sang de bœuf contient également de l'oxyde de cuivre. Encore plus "intéressant" même les couvertes iridescent de Bussières ou de Rambervillers contiennent du cuivre. 
Les égyptiens -3000 av JC obtiennent déjà le fameux bleu d'azur ou encore bleu d'Alexandrie; On retrouve ce bleu sur les petites statuettes (ouchebti ) qui accompagnes les défunts dans le tombes.
Rappelons qu'il existe également des mineraux/emaux présentant une teinte bleutée sans toutefois contenir de cuivre; le plus connue la lazulite qui donne le bleu profond du lapis-lazuli. En occident le bleu a été longtemps une ressource du cobalt. Les céramistes jouent  sur le contraste entre le bleu de cuivre et de cobalt.

Les céramistes Th.Deck (1823-1891) et E.Collinot (1824-1889) auraient introduit le bleu de cuivre en France. La famille Massier (Clement, Jérôme et les gendres Clergue/Maunier) a produit également de nombreuses faïences revêtues d'une glaçure bleue. Le catalogue présente ensuite sur une cinquantaine de pages les céramistes et manufactures ayant produit des céramiques bleues. On retrouve la manufacture de Rubelles,de Longwy, de Jules Vieillard, de Sarreguemines, de Clamecy, d'Elchinger, de Minton, de Worcester et les céramistes Edmond,Raoul et Jean-jacques Lachenal, E.Lenoble, F.Massoul, E.Decoeur, Ch Fricquenet, JM Cazin, G.Jaegle, H. Millet, G.Heinkel, M.Laeuger.
 
Dans cet inventaire, j'ai pu trouvé une représentation de l'éléphant sans marque que j'avais acheté avec une attribution à Massier... Là encore le livre ne dit pas sur quelle base les auteurs ont attribué cette céramique à la famille Massier, d'anciens catalogues? pourrait il s'agir d'une attribution sans fondement? Je lance à nouveau un appel aux collectionneurs pour peut être pouvoir justifier cette attribution document d'époque à l'appui.
 
Pour information je possède un ouvrage sur la famille Massier "Introduction de la céramique artistique sur la côte d'Azur" qui reproduit des planches de catalogue de vente de l'époque sans reprendre mon modèle...
 
PS Ce billet peu paraître déplacé par rapport à ce qui s'est passé hier soir. Depuis ce matin je pense bien sûr aux victimes , je suis triste et contre cette violence. Nous ne devons pas céder à la panique et je reste persuadé que l'art a son rôle à jouer dans la fraternité des peuples. 
 

 

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